
Sortie: 26/06/1959
Scénario, adaptation: Jacques Dopagne, Boris Vian d'après son roman éponyme (du moins en théorie);Dialogues: Luska Eliroff, Michel Gast, Louis Sapin; Supervision de la réalisation: Ralph Habib; Musique: Alain Goraguer; Photographie: Marc Fossard; Son: Raymond Gaugier; Montage: Éliane Bensdorp; Décors: Robert Boudaloux; Productrice: Josette Trachsler; Directeur de production: André Labrousse; Sociétés de production: CTI (Cinéma Télévision International, Paris), SIPRO (Société Internationale de Production de Films, Paris); Sociétés de distribution: Lux Films (distributeur d'origine), Vega Productions.
Tournage: Nice, Rome.
3 488 415 entrées (736 551 à Paris) 13e fréquentation, 8e française, 1ere polar.
100'
Aux États-Unis, un jeune noir est assassiné impunément parce qu'il aimait une blanche. Son frère Joe, s'expatrie vers un autre Etat où, grâce à un certain Horace Chandley, il devient libraire dans une petite villeelle-même sous l'emprise d'un gang dirigé par Stan Walker. Joe est le seul à résister aux intimidations de Stan. Pour se venger des blancs, Joe, dont la pigmentation claire de la peau ne révèle pas ses origines, réussit à se faire aimer d'Elisabeth Shannon, promise à Stan. Poursuivant sa vengeance, il séduit également Sylvia, la s½ur d'Elisabeth.....
Christian Marquand: Joe Grant; Antonella Lualdi: Elisabeth Shannon; Renate Ewert: Sylvia Shannon; Paul Guers: Stan Walker; Fernand Ledoux: Horace Chandley; Daniel Cauchy: Sonny; Jean Sorel: Elmer; Jean Droze: Ted; Claude Berri: David; Catherine Fonteney: Madame Shannon; Marina Petrowna: Sheila; Gisèle Gallois: Mona; Monique Just: Jay; Marie-Blanche Vergne: Janet; André Versini: Lex.
A VOIR ET A REVOIR
La vérité et la légende racontent, l'une comme l'autre, que Boris Vian mourut en visionnant «J'irai cracher sur vos tombes» lors de sa séance inaugurale au cinéma Le Marbeuf (Champs Elysées) le matin du 23 juin 1959. Il s'effondra de son fauteuil, victime d'une crise cardiaque, et ne fut jamais réanimé. On sait qu'il désapprouvait l'adaptation- à laquelle il avait participé- de son roman, au point demander que l'on retire son nom du générique (ce qui ne fut pas fait) et après avoir combattu les producteurs et réalisateur, mettant en cause leur « travail » (Réalisation ? Montage ? Dialogues ? Les trois ? Ou encore autre chose ?).
Inutile d'extrapoler. Simplement, le film de Michel Gast, plutôt fidèle à sa trame n'a ni la vision poisseuse, ni la dureté et ni l'érotisme du bouquin de Vian.

A part ça, «J'irai» tourné sur la Côte d'Azur (arrière pays) et en Italie pour nous faire croire au «deep south» étasunien, décrit plutôt l'air du temps de ces premiers mois du pouvoir gaulliste, où la jeunesse, dorée ou noire, (les fameux «blousons noirs») du moins une partie d'entre elle, est l'objet de fascination ou de rejet. La petite vilaine bande de jeunes petits malfrats dés½uvrés (Daniel Cauchy, Jean Sorel,de g à d, photo, plus Marie-Blanche Vergne, Claude Berri, etc) ressemble bien plus à celle d' «Asphalte» (Bromberger, 59) ou des «Tricheurs» (Carné, 58) qu'à celle de «L'équipée Sauvage» (Benedek, Brando, Marvin, 53) ou de «La fureur de vivre » (N. Ray, J. Dean, 55), même si elle voudrait bien en avoir l'air....et malgré la surreprésentation des motos et drugstores et la belle musique de jazz d'Alain Goraguer.

Reste que malgré des censures diverses et une méchante campagne de presse, le film connut un grand et louable succès et mérite d'être revu à la lumière de la fin des années 50 et à celle, actuelle et bien obscure, marquée par un regain certain du racisme ordinaire.