
Sortie: 5/11/1948
Scénario, dialogue: André Beucler d'après le roman de Jean Proal; Musique originale: Joseph Kosma; Photographie: Michel Kelber; Assistant réalisateur: Jacques de Casembroot; Décors: Serge Piménoff; Son: Joseph de Bretagne; Montage: Marguerite Renoir.
1 167 695 spectateurs (288 678 à Paris)
95'
Carmelle est une servante de ferme, mais aussi une femme magnifique. Elle parvient à charmer un riche fermier, Rabasse, sous les conseils de celui qu'elle aime, Jacques, et devient la légatrice du propriétaire qui meurt rapidement.
Maria Casares: Carmelle; Roger Pigaut: Antoine; Jean Murat: Baptiste; Orane Demazis: Martha; Jean Vinci: Gino; Édouard Delmont: Giuseppe; Jean Vilar: l'innocent; Pierrette Caillol: Mme Leroux; Henri Poupon: le facteur; Charles Lemontier: M. Leroux; Louise Fouquet: la cabaretière; J. F Malouvier: Jacques; Jean-François Martial: le cabaretier; Marcel Mouloudji: Angelin; Claire Guibert: Lucienne; Jean Brochard: Rabasse.
VIVA VILAR
Il y a les riches, le fermier Rabasse et le notaire et sa femme qui rêvent, bien sûr, de marier la Lucienne, leur fille en fleur, au premier nommé, vieux, laid et tyrannique. Il y a les pauvres, la belle Carmelle, fière orpheline et son drôle de frère Angelin, aux désirs incestueux à peine cachés. Plus les deux charbonniers, Antoine, le jeune et fringant, Baptiste, le vieux et sage. Et, encore, Giuseppe et Martha son épouse, métayer et servante du l'insupportable Rabasse, ainsi que Gino, leur timide de fils, amoureux de Carmelle, comme Giuseppe d'ailleurs, autant que Martha la déteste. Il y a Jacques, l'ambitieux, le profiteur, celui qui veut y arriver par les femmes. Et puis, il y a le « centre », le ch½ur, ceux qui restent au café, comme ce facteur immobile ou ce berger innocent du village, et qui pourtant, savent tout.
Et tout ça, ça fait un bon drame paysan, typique de l'époque d'avant et d'après-guerre, alors que durant quatre ans, une partie du cinéma français célébra le « retour à la terre » de la « révolution nationale »
Bagarres présente des acteurs pagnoliens : Delmont, Demazis, Poupon, mais aussi, des personnages déjà saint germano pratins et prévertiens: Jean Vilar, Mouloudj, Maria Casares, Roger Pigaut. Sans oublier un gloire d'antan, Jean Murat et un ancien pilier de la Continental allemande et française de l'Occupation, Jean Brochard. L'excellent Henri Calef, dont son « Jéricho », un des rares et remarquables films sur la Résistance, sorti l'année d'avant et son scénariste, l'écrivain André Beucler, l'auteur de «Gueule d'amour» (1937) d'où fut tiré le célébrissime et flamboyant film éponyme de Jean Grémillon (avec un Gabin au sommet de son art) nous font cohabiter tout ce joli monde, tel un panel du cinéma français.
Mais, si, au final, après tant de morts, l'amour et la justice triomphent, c'est bien, parce que, Jean Vilar, du moins son personnage d'Innocent et clochard céleste, comme dans « Les Portes de la nuit » (1946) de Carné/Prévert » joue les prophètes (et démons) et exterminateurs.